27 octobre 2022
Nous remercions Christopher Herodier, agent d’information communautaire et survivant du système des pensionnats de Chisasibi, d’avoir partagé avec nous des pans de sa vie si ouvertement. Nous vous invitons à découvrir son parcours de guérison et ce que représente pour lui La Grande Alliance.
Parlez-nous un peu de vous. Quel est votre parcours et comment êtes-vous engagé dans LGA ?
Je suis un survivant des pensionnats autochtones et, à cause de cela, mon parcours a été assez atypique. À l’âge de quatre ans, lors de mon deuxième jour au pensionnat, j’ai été agressé par un homme et cela a considérablement affecté ma vie. À l’adolescence, je savais que j’avais besoin de guérison et j’ai donc entamé des études en travail social pour m’aider et venir en aide aux autres. Cette formation m’a permis de comprendre les pensées, le comportement des gens et comment m’équiper dans mon processus de guérison.
Mais le chemin de la guérison est souvent empreint de souffrances. J’ai traversé des moments très difficiles : mon mariage s’est dissous, j’ai tout perdu et j’ai vécu dans la rue pendant sept mois. Puis un jour, j’ai rencontré une femme autochtone avec qui j’ai eu la chance de converser. Elle m’a encouragé à me lancer dans l’écriture de scénario et je me suis par la suite inscrit au Collège Algonquin où j’ai obtenu un certificat dans ce domaine.
Par la suite, j’ai obtenu d’autres attestations et un diplôme correspondant à mes divers intérêts : la production musicale et sonore. J’ai également écrit un livre de nouvelles (Paths and Journeys), enregistré de la musique et suis devenu un journaliste à Radio-Canada Nord pendant quelques années.
En 2020, j’ai entendu parler de LGA et j’ai postulé pour le rôle d’agent d’information communautaire (AIC). Depuis lors, je suis au service de la communauté crie.
Pourquoi êtes-vous devenu un AIC ?
J’ai vu ce qui est arrivé à ma communauté lorsqu’elle a été déplacée dans les années 1970. Nous ne savions pas ce qui se passait, nous savions juste que certaines personnes faisaient des allées et venues et finalement, nos rivières ont été harnachées, et personne n’a demandé notre permission pour effectuer ce changement drastique. J’ai appris des leaders du passé, des personnes sages qui ont travaillé avec le gouvernement pendant la Convention de la Baie-James, qui avaient une vision et qui ont aidé à façonner ce dont avaient besoin les générations futures. Avec LGA, je réalise que rien n’est parfait, mais au moins nous, la communauté crie, avons notre mot à dire, nous pouvons pratiquer notre culture et faire entendre notre voix. Faire partie de LGA ne signifie pas que je la soutienne ou non, cela signifie simplement que je me renseigne et que je transmets les informations à ma communauté.
Quelle est la fonction de votre rôle ?
LGA en est encore à ses débuts et je suis ici pour communiquer ce que je sais. Je veux simplement renseigner les Cris et transmettre nos opinions à LGA. Par exemple, quelqu’un dans ma communauté m’a partagé que le chemin de fer qui est à l’étude passerait directement par sa maison, sur ses terres traditionnelles, s’il devait être construit. Dans ce cas, mon travail consiste à l’aider à comprendre les outils dont il dispose pour faire entendre sa voix et pour se sentir suffisamment préparé pour en parler.
Comment votre travail aide-t-il votre communauté ?
Je suis essentiellement un messager au sein de la communauté crie. Je dois les mettre au courant de ce qui se passe sur leurs terres et du développement potentiel de celles-ci. Je transmets les mises à jour au fur et à mesure que je les reçois et je communique de l’information pour que nous puissions ensemble prendre des décisions éclairées.
Quelle est la partie la plus importante de LGA à votre avis ?
La protection de notre langue et de notre culture est importante pour moi. Et notre langue est liée à la terre. La façon dont je parle le cri est différente de la façon dont les jeunes parlent le cri, parce que la façon dont nous sommes liés à la terre a changé. Il est essentiel que nous préservions notre culture du mieux que nous pouvons. En tant que communauté, nous devons être ceux qui tentent de comprendre la situation et comment la gérer.
Quelques mots pour conclure ?
Je pense que les gens doivent garder l’esprit ouvert et penser aux générations futures : que voudraient-elles ? Nous ne serons plus là lorsque certains de ces développements pourraient se produire. Nous devons donner à nos jeunes une base solide pour qu’ils puissent prendre leurs propres décisions et déterminer la direction à prendre par la suite. De la même manière que les leaders l’ont fait en 1975, alors qu’ils posaient les fondements pour qu’aujourd’hui nous puissions avancer.