Un siège à la table : comment la SDC protège le mode de vie et les terres autochtones dans le cadre de la grande alliance

20 mai 2021

Nous nous sommes assis (virtuellement) avec Davey Bobbish, président et chef de la direction de la Société de développement crie, pour discuter de l’importance d’inclure et de consulter les communautés autochtones dans le cadre du processus de développement d’Eeyou Istchee.

Parlez-nous un peu de vous. Quel est votre parcours professionnel et en quoi consiste votre rôle au sein de la Nation crie?

Je suis un ancien chef de la communauté Chisasibi. J’habite Eeyou Istchee et je travaille pour la Nation crie depuis que j’ai terminé mes études. J’ai été élu au conseil de ma nation à l’âge de 24 ans, et j’en fais toujours partie.

Comme j’ai étudié en économie, j’ai été directeur financier de la Nation pendant plusieurs années. J’ai ensuite travaillé pour une firme de construction locale détenue par la communauté. Deux ans plus tard, à l’âge de 29 ans, je suis devenu directeur des opérations, poste que j’ai conservé pendant neuf ans.

Je suis fier d’avoir été élu chef de ma communauté en 2012. Je suis demeuré en poste pendant huit ans. En raison de mon expérience au sein de la Nation crie, j’ai été approché par la communauté pour diriger un nouveau projet dans le cadre de La Grande Alliance : la Société de développement crie (SDC).

Pouvez-vous nous décrire la SDC dans vos propres mots?

La fonction première de la SDC est d’être un instrument d’investissement, mais en réalité, elle est bien davantage.

La SDC joue un rôle essentiel tant pour le développement économique que pour nos collectivités. Pendant beaucoup trop longtemps, nous avons été exclus de la prise de décisions sur le développement de nos propres terres.

La Grande Alliance et la SDC permettent à nos collectivités de décider à quel moment et à quel endroit les projets de développement devraient être mis en œuvre sur notre territoire. Elles nous aident également à assurer la pérennité de notre mode de vie traditionnel et à protéger les régions importantes de nos terres. Je suis extrêmement fier du travail que nous réalisons.

Comment Eeyou Istchee a-t-elle évoluée au fil des années?

Par le passé, bien avant la création de La Grande Alliance, plusieurs projets de développement ont été introduits sur notre territoire sans aucune forme de consultation, ce qui a entraîné des tensions entre les communautés autochtones et les promoteurs. Craignant des dommages irréversibles à leur territoire, plusieurs collectivités ont commencé à s’opposer au développement.

Toutefois, je constate aujourd’hui une certaine évolution des mentalités quant à l’importance de la création d’emplois à l’échelle locale. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à manifester de l’intérêt pour le travail dans les mines. Face à ce désir et ce besoin de travailler, davantage de collectivités permettent aujourd’hui les projets de développement minier parce qu’elles savent que des ententes sont désormais en place pour assurer une exploitation plus durable des ressources.

En nous impliquant dans la protection du territoire, nous honorons notre devoir envers les futures générations, tout en bénéficiant de la création d’emplois et de revenus résultant du développement responsable des ressources. Sentir que nos préoccupations et nos intérêts sont pris en compte représente un pas important dans la bonne direction pour nous en tant que Nation. Les membres de nos communautés dépendent des emplois pour gagner leur vie, mais souhaitent également pouvoir conserver leur mode de vie traditionnel.

Comment espérez-vous voir Eeyou Istchee évoluer au cours des 30 prochaines années?

Au niveau communautaire, nous avons besoin d’emplois intéressants à l’année. La majorité des emplois offerts sur notre territoire sont des emplois saisonniers dans le secteur de la construction. Mais prenons l’exemple d’un projet d’exploitation minière qui s’échelonnerait sur 15, voire 20 ans. Celui-ci donnerait aux travailleurs les moyens d’acheter une maison et de la payer. Lorsqu’on investit dans les infrastructures, on favorise le développement. En travaillant avec ces industries, nous pouvons conjuguer le développement économique et la protection de ce qui nous appartient.

Que signifie pour vous la création de La Grande Alliance?

Grâce à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) et le travail que nous réalisons dans le cadre de La Grande Alliance, nous pouvons maintenant prendre les rênes du développement de notre territoire. C’est ce qui m’a motivé à accepter le poste que j’occupe aujourd’hui. Travailler directement avec le gouvernement du Québec nous donne la voix dont nous avions désespérément besoin pour décider de ce qui a lieu sur notre territoire aujourd’hui, et pour les générations futures.

La Grande Alliance nous permet de prendre soin de notre territoire et de trouver l’équilibre entre protection et développement. La beauté de cette entente réside dans le fait qu’elle offre aux générations futures l’opportunité de choisir entre l’adoption du mode de vie traditionnel ou la participation à l’économie salariale. Cette capacité de choisir est un atout puissant, auquel la Nation crie a assurément droit.